La forêt m’enchante et m’effraie tout à la fois. C’est un lieu protecteur où les hommes ont trouvé refuge depuis la nuit des temps. On pénètre dans les bois pour se cacher, se ressourcer loin du monde mais aussi pour s’y perdre. Le cœur sombre de la forêt est fascinant et terriblement angoissant, la lumière se raréfie, on perd ses repères, on fini par se perdre soi même.
La canopée est un toit dont la présence mouvante nous protège, les arbres sont les colonnes d’un temple végétal. J’aime à me ressourcer dans son ombre humide et moussue. La forêt est aussi le lieu des enchantements, mystères des sous-bois où dansent les Nymphes, les fées s’y reposent et les magiciens y cachent leurs grimoires. Brocéliande est ma forêt de référence, avoir vécu mon enfance si près d’elle m’a laissé cette attirance indéfectible pour ses légendes. Les chemins s égarent dans ce labyrinthe végétal…d’ ailleurs les enfants s’y perdent avec ou sans petits cailloux sur le chemin, les princesses endormies rêvent encore dans des châteaux abandonnés… Lorsque vient l’hiver et la nuit, la forêt devient sombre et glacée… Les échos improbables se répondent d’arbre en arbre … hululement des chouettes, froissements d’ailes, craquements insolites, bruissement des sources, brames solitaires. Je vois les clairières pâles sous la lune hivernale, les druides y célèbrent les solstices au pied des chênes vénérables. Les arbres m’apparaissent, gardiens des lieux sacrés, géants silencieux et immobiles. Sous leur écorce vive monte la sève vitale, de la terre vers le ciel. Depuis leurs racines profondément enfouies au cœur de la glèbe, le tronc puis les ramures se développent, millier de bras portant la voûte céleste. J’atteins enfin la lisière, l’orée de la forêt, la limite extrême où les arbres s’estompent, laissant apparaître le jour et la promesse du ciel. La forêt fait partie des paysages symboliques, elle a profondément inspiré les courants romantiques. L’homme est rendu à sa dimension réelle par rapport à l’immensité de la nature, les arbres sont le lien entre le ciel et la terre. J’aime peindre ces arbres là, pas simplement leur réalité objective mais la dimension sacrée qu’ils représentent.
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Novembre 2023
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